jeudi 12 février 2009

Blog-note grammatical 4

Résumé de l'article de Suzanne G. Chartrand
«Enseigner la grammaire autrement»

Dans cet article publié dans la revue Québec français, Suzanne Chartrand propose une toute nouvelle démarche afin d’enseigner la grammaire aux jeunes de niveau scolaire en intégrant toutes les dimensions de la langue (lexicale, textuelle, discursive, pragmatique et stylistique) afin de s’assurer que les règles de construction des phrases et des textes ainsi que les règles typographiques et orthographiques qu’on leur enseigne sont bel et bien appliquées par les jeunes lors de la lecture et de l’écriture.

Connaissance et maîtrise des règles
Tout d’abord, Suzanne Chartrand croit que les règles enseignées aux enfants les amènent à adopter une méthode de correction beaucoup trop mécanique. Prenons par exemple la règle la plus élémentaire en grammaire française : l’accord du verbe avec le sujet. Pour être capable d’accorder correctement les verbes, l’élève doit être capable non seulement de les repérer dans un texte, mais aussi de différencier les infinitifs, les participes, etc. Pour ce faire, il ne doit pas que connaître les règles générales d’accord des verbes dans des phrases ayant une structure syntaxique simple, mais il doit également être capable d’effectuer l’accord de façon correcte dans divers contextes linguistique. Par ailleurs, le fait de poser la question «Qui est-ce qui?» pour trouver le sujet d’une phrase, est certes efficace dans la plupart des cas, mais ce n’est pas une règle infaillible. Dans certaines phrases construites sur un mode impersonnel, par exemple, cette règle est très ambiguë. Il serait donc primordial d’apprendre aux élèves que la façon de traiter les règles grammaticales qui est enseignée actuellement en classe a des limites, et surtout, leur enseigner d’autres procédés leur permettant de développer des mécanismes très simples, comme trouver le sujet de la phrase et accorder correctement le verbe avec le sujet.

La langue, plus qu'un outil de communication
Dans un autre ordre d’idées, Suzanne Chartrand suggère que la façon d’enseigner la grammaire au Québec devrait introduire les principes de la démarche active de découverte, préconisée en Suisse depuis plus de vingt ans. Cette démarche consiste à amener les élèves à développer un esprit de recherche et d’interrogation sur la langue en leur faisant observer différents phénomènes linguistiques issus de leur propre compétence langagière et en leur laissant le loisir d’expliquer eux-mêmes ces phénomènes.

Une démarche en plusieurs étapes
Les élèves seraient donc appelés, dans un premier temps, à observer un phénomène langagier à partir d’un corpus de textes ou de phrases, puis à faire des manipulations linguistiques (substitution, permutation, addition, etc.). Ensuite, ils formuleraient des hypothèses qui seraient par la suite vérifiées à l’aide d’un corpus plus grand et qui, finalement, pourraient éventuellement devenir des règles. Ce n’est que par la suite qu’ils seraient appelés à consulter les ouvrages de référence (et ainsi à réaliser la divergence entre les ouvrages, donc les différentes descriptions linguistiques possibles). Finalement, les élèves seraient capables d’appliquer les connaissances apprises lors d’expérimentations concrètes dans des exercices de production et de compréhension de textes.

Une démarche féconde à bien des égards
Cette démarche active de découverte amènerait l’étudiant à être actif tout au long de son apprentissage et à développer des méthodes d’observation et de manipulation qui lui seraient utiles dans d’autres domaines.

Des conditions pour mener cette démarche
Pour que la démarche active de découverte soit un processus d’apprentissage efficace, il faudra tout d’abord que le lien soit très clair pour l’élève entre le phénomène de langue qu’il étudie et sa réalisation dans les textes qu’il sera amené à produire ou à lire. De plus, le métalangage utilisé lors de l’expériementation faite par l’élève et celui utilisé pour parler des règles grammaticales devra être revu afin d’être plus limité et le moins ambigu possible afin de faciliter la compréhension des élèves. Finalement, les professeurs devront s’assurer de laisser aux élèves tout le temps nécessaire dont ils ont besoin pour aller plus loin dans leurs observations, trouver des contre-exemples, etc.

Les limites de cette démarche
Bien entendu, pour imposer la démarche active de découverte proposée par Suzanne Chartrand dans le système scolaire actuel, il faudra que les enseignants et les responsables de l’enseignement du français y consacrent beaucoup de temps. Toutefois, si elle est réellement efficace, elle fera finalement sauver beaucoup de temps puisque les enseignants n’auront plus besoin de passer des heures à enseigner en vain des règles grammaticales. Bref, mener à terme cette démarche semble être une très bonne solution pour développer le sens d’observation et l’intuition des élèves face à la langue, mais elle devra impliquer un changement d’attitude et une énorme rigueur de la part des enseignants.

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